Aller au cinéma dans les années 30
Le studio system: Les "Big five"
Le terme « Big Five » est donné aux 5 majors dominantes des années 1920-1930 : Paramount, Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), Twentieth Century Fox, Warner Brothers, et RKO. Ces majors dominent l’industrie cinématographique car elles contrôlent plus de 70% des cinémas de première exclusivité. Elles disposent de 3000 salles sur 23000, soit 15%, mais 25% des fauteuils et les cinémas les mieux situés, et donc les plus fréquentés. L’industrie du cinéma est composée de trois secteurs :
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la production, qui est la conception et la réalisation des films ;
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la distribution, le choix des films à diffuser, leur programmation et leur promotion ;
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et enfin l’exploitation, qui est la diffusion des films dans les salles.
Ainsi par le système de distribution/exploitation, les studios récupèrent plus des 2/3 des recettes guichets, d’autant plus que les salles indépendantes ne peuvent reprendre les films qu’à la deuxième, troisième voire quatrième reprise. Cependant l’exploitation est le seul secteur réellement rentable, les statistiques nous le prouvent puisque 65% des recettes vont à l’exploitant, 10% pour le distributeur et 25% pour le producteur. Ainsi on comprend bien que le secteur de l’exploitation soit dominant. La comparaison entre les coûts d’un film et les recettes montre bien que la plupart des films ne réalisaient pas un gros bénéfice. C’est donc l’exploitation qui assure, aux Big Five, la plus grande part de leurs bénéfices. Cependant, aucune major ne peut à elle seule assurer la programmation de ses salles. Cette association des studios leur permet de s’assurer un bénéfice et réduit leur concurrence. Cependant lorsque la crise arrive, les Big Five sont touchées de plein fouet, et particulièrement Paramount. En effet ce studio a fait d’énormes investissements, notamment dans sa chaîne de distribution : Publix. De même il compte des dépenses de fonctionnement considérables, ce qui le met en grande difficulté. Paramount a du mal à s’en remettre, car sur les 3000 qui appartiennent à ces grands studios, c’est elle qui en détient le plus. Ce qui l’obligera, en 1948, à vendre une partie de leurs salles.
Le Studio system est aussi composé de trois autres compagnies : United Artist, Universal Pictures, et Columbia Pictures. Elles ne sont pas dominantes dans les années 1920-1930, on les appelait d’ailleurs les « Little Three majors ».
Une fréquentation en hausse
Le cinéma subit la crise, mais la fréquentation des salles n'est qu'en légère baisse car le cinéma est un loisir peu cher qui permet donc au ménages américain de se divertir sans dépenser trop d'argent. La place du cinéma dans les dépenses est passé de 17% à 22% entre 1929 et 1931
On constate pourtant sur le graphique ci-dessus que le nombre de places vendues baisse, de 80 millions en 1930, c'est un chiffre record qui n'avaient jamais été enregistré jusqu'à lors, à 50 millions en 1934, que l'on peut expliquer par les retombés du krach, pourtant l'industrie ne fait pas faillite. Il est aussi possible d'expliquer cette baisse par le nombre de films sortis ces années : 106 films en 1930, dont l'oscar pour le meilleur film remis le 3 avril 1930 à The Broadway Melody lors de la seconde cérémonie des Oscars. Comparé aux 180 films sortis en 1934, le nombre de films nous montre alors que l'industrie du cinéma n'est pas en crise car elle continue à produire de plus en plus de films, ce qui influe sur le nombre de salles présente qui augmente aussi. Le nombre de salle aux États-Unis passe de 23000 en 1930 à 15300, cette baisse s'explique par le passage du muet au parlant, il faut équiper les salles de matériel sonore, pour que le cinéma puisse diffuser les films les plus récents, mais les dépenses à effectuer et la crise poussent un quart des cinémas existant à fermer leurs portes.Mais le nombre de cinéma augmente pour passer à 1900 en 1940 puis 20500 en 1944. On peut donc dire que le nombre de cinéma est relativement stable. Un nouveau type de salle se développe en 193 : les drive-in. Pensés en 1933 par le chimiste Richard M. Hollingshead junior ce sont des cinémas en plein air, qui sont constitués d'une cabine de projection, d'un grand écran et d'un stand pour des en-cas, et surtout d'un grand espace qui servira de parking aux ménages qui viendront assister aux projections. Le premier film à être diffuser de cette manière est Two White Arms, qui sera diffuser sous le nom de Wives beware le 6 juin 1933 à Camden dans le New Jersey. Ce film était sortie quelques semaines plus tôt et avait été choisit pour ne pas créer de conflits entre les majors. Cette nouvelle méthode de projection est très appréciée car elle présente des avantages financiers : les places sont moins chères qu'en salle, les ménages emmènent leurs enfants au lieu de prendre une baby-sitter car même s'ils font du bruit pendant la séance ils ne dérangent pas les autres spectateurs .Mais cette technique présente des problèmes spécifiques à la localisations des drive-in, en effet les films ne peuvent être projetés que lorsqu'il fait nuit noire, le bruit engendré peut déranger les personnes qui habitent près du lieu de projection, et enfin le nombre d'entrées varie en fonction du temps car s'il pleut ou s'il fait froid les spectateurs ne se déplaceront pas. Cette invention diffuse jusqu'à trois films par nuit et le concept qui plaira beaucoup va se démocratiser un peu partout pour arriver au nombre de 4000 structures vers 1950 dont un quart se trouve dans la zone rurale.
Toutes les salles, classiques en intérieur ou innovantes en plein air sont divisés géographiquement par les bigs five pour fixer les prix d'entrée. Dans une zone donnée un circuit de salle projetaient des films en exclusivité, le prix de la séance pouvait aller jusqu'à 1$. Il y avait ensuite une période de relâche ou clearance pendant laquelle les films étaient retirés des écrans. Le prix d'entrés décroissait au fur et à mesure que le film passait dans des circuits différents, le prix de certains films pouvaient ne pas dépasser 10 cents à la fin de l'exploitation du film. De cette manière les studios atteignaient le nombre de vues optimales et pouvaient aussi contrôler le prix moyen de la place : de 25 cents dans les années trente et environ 40 cents à la fin des années quarante.